Leur réalisation effective exige l’abolition de l’ordre bourgeois. Expulsé de Bruxelles en mars 1848, Marx est au même moment invité à rentrer en France par le gouvernement provisoire issu de la révolution de Février à l'instigation de ses membres ouvriers. [2] K. Marx, « Die Heilige Familie », 1845, Berlin, Dietz Verlag, 1953, p. 196. On retrouve aussi l’aspect de la confrontation avec la société civile/bourgeoise mais contrairement au modèle jacobin de 1793, celle-ci n’est plus l’œuvre terroriste (nécessairement vouée à l’échec) de la sphère politique en tant que telle – qui essaie en vain de s’attaquer à la propriété privée par la guillotine – mais bien de l’intérieur de la société civile elle-même, sous la forme de révolution sociale (prolétarienne). Lorsqu’il pensait les vieux pays européens mûrs pour la révolution, il misait sur le modèle de la dictature jacobine de 1793-1795 menée par Robespierre, c’est-à-dire celui d’une révolution suffisamment violente pour briser la résistance des anciens dominants en condamnant à choisir entre la dictature de la bourgeoisie et celle du prolétariat. [28] K. Marx, « Le Dix-Huit Brumaire de Louis Bonaparte », 1852, cité dans SRF p. 245-247. D’autre part, la phrase, dans le« Manifeste Communiste », qui décrit « les premières tentatives du prolétariat pour imposer directement son propre intérêt de classe » – tentatives qui ont eu lieu « dans la période du bouleversement de la société féodale -, se réfère elle aussi à Babeuf[22] (explicitement mentionné dans ce contexte). Entre-temps, installé à Paris depuis octobre 1… En effet, le philosophe a également imaginé, comme dans certaines utopies socialistes, une révolution économique fondée sur l’association des producteurs. Sa propre pensée en est un excellent exemple : l’idée même de révolution dans ses écrits (et ceux d’Engels), comme mouvement insurrectionnel des classes dominées qui renverse un Etat oppresseur et un ordre social injuste, a été dans une très large mesure inspirée par cette tradition… D’une façon plus générale, la grande Révolution française fait partie de la mémoire collective du peuple travailleur – en France, en Europe et dans le monde entier – et constitue une des sources vitales de la pensée socialiste, dans toutes ses variantes (communisme et anarchisme y compris). La retranscription et les intertitres ont été établis par le site Avanti4.be. Napoléon acheva de perfectionner cette machinerie d’État ». Chez Marx, en tout cas, elle montre le refus de toute filiation directe entre jacobinisme et socialisme. [17] K. Marx et F. Engels, « Adresse de l’autorité centrale à la Ligue des Communistes », mars 1850, cité dans SRF, p. 137 et 138. Dans l’article « Contributions à la critique de la philosophie du droit de Hegel », il constate l’incapacité pour la bourgeoisie allemande de remplir son rôle révolutionnaire : au moment où elle se met en lutte contre la royauté et la noblesse. Le « locus classicus »de cette hypothèse est un passage de La Question Juive (1844) : « Évidement à des époques où l’Etat politique comme tel naît violemment de la société bourgeoise (…) l’Etat peut et doit aller jusqu’à la suppression de la religion (…) mais uniquement comme il va jusqu’à la suppression de la propriété privée, au maximum, à la confiscation, à l’impôt progressif, à la suppression de la vie, à la guillotine. (…) La vie politique cherche à étouffer ses conditions primordiales, la société bourgeoise et ses éléments pour s’ériger en vie générique véritable et absolue de l’homme. Cette célébration des vertus révolutionnaires de la bourgeoisie française va inspirer plus tard (surtout au XXe siècle) toute une vision linéaire et mécanique du progrès historique chez certains courants marxistes. [3] K. Marx, « La bourgeoisie et la contre-révolution », 1848, dans Marx et Engels, « Sur la Révolution française » (SRF), Messidor, 1985, p. 121. [9] K. Marx, « L’Idéologie allemande », cité dans NRF p. 187. Les deux recueils sont incomplets. Un des seuls passages où cela est suggéré se trouve dans la circulaire de mars 1850 à la Ligue des Communistes : « Tout comme lors de la première Révolution française, les petits-bourgeois donneront les terres féodales en tant que libre propriété aux paysans, c’est à dire qu’ils voudront (…) favoriser une classe paysanne petite-bourgeoise qui accomplisse le même cycle de paupérisation et d’endettement dans lequel le paysan français est actuellement renfermé ». Mais c’est au cours des années 1848-1852, dans les écrits sur la France, que Marx va dénoncer, avec la plus grande insistance, la « superstition traditionnelle en 1793 », les « pédants de la vieille tradition de 1793 », les « illusions des républicains de la tradition de 1793 », et tous ceux qui « se grisent de l’opium des sentiments et des formules patriotiques de 1793 ». 2. [24] Ibid. Dans un autre article de la Nouvelle Gazette Rhénane (juillet 1848), il examine de façon plus détaillée ce contraste : « la bourgeoisie française de 1789 n’abandonnera pas un instant ses alliés, les paysans. La bourgeoisie de 1848 trahit sans aucune hésitation les paysans, qui sont ses alliés les plus naturels, la chair de sa chair, et sans lesquels elle est impuissante face à la noblesse ».[8]. Partant des analyses de Marx lui-même sur la Révolution française, il montre combien les écrits de Marx, souvent associé à Engels sur la question, sont toujours précisément contextualisés et liés à la recherche de compréhension du moment présent. Utilisant la méthode dialectique, Marx montre que les aspects « anti-bourgeois » de la Terreur n’ont servi, en dernière analyse, qu’à mieux assurer le triomphe social et politique de la bourgeoisie. Révolution accorde une grande importance à la théorie. En Allemagne, l’émancipation universelle est la condition sine qua non de toute émancipation partielle.[26]. Si faiblesse il y a, elle est circonscrite à la dimension institutionnelle de la politique, en particulier à la question cruciale de la représentation. [18] Daniel Guérin, « La lutte de classes sous la Première République », Gallimard, 1946, p. 12. Il est vrai, comme nous l’avons vu plus haut, que Marx utilise en 1843-1844 le terme « révolution permanente » pour désigner la politique de la Terreur. 33 Il faut noter, tout d’abord, que, dans la perspective de Marx, la relation entre conjoncture historique et conjoncture révolutionnaire définit un « espace double » de la révolution : la révolution éclate forcément dans le contexte national, mais ses conditions de possibilité sont liées à une conjoncture historique déterminée qui est celle de la crise internationale. Cette définition part, on le sait, d’une analyse critique des résultats du processus révolutionnaire : de ce point de vue, il s’agit pour Marx, sans l’ombre d’un doute, d’une révolution bourgeoise. L’erreur de Rousseau et de la Révolution française tient dans la tentative d’affirmer « l’antécédence du social sur l’État ». [17], Mais ils ’agit à nouveau d’une remarque « en passant », où les Jacobins ne sont même pas explicitement désignés. Or, dans cet article, Engels mentionne comme exemple contemporain de cette « révolution permanente » le soulèvement national/populaire hongrois de 1848 dirigé par Lajos Kossuth, « qui était pour sa nation Danton et Carnot en une seule personne ». Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c’est précisément à ces époques de crises révolutionnaires qu’ils appellent craintivement les esprits du passé à leur rescousse, qu’ils leurs empruntent leurs noms, leurs mot d’ordres, leurs costumes. « développer l’œuvre commencée par la monarchie absolue : la centralisation, (…) l’étendue, les attributs et les exécutants du pouvoir gouvernemental. Une vision critique et démystificatrice qui dévoile, derrière la fumée des batailles et l’ivresse des discours, la victoire d’un intérêt de classe, l’intérêt de la bourgeoisie. Il s'oppose au projet de certains émigrés d'une expédition militaire en Allemagne. [30] Ernst Bloch, « Droit naturel et dignité humaine », Payot, 1976, p. 178-179. »[15]. Ne pas toucher au fondement de cette machine parasitaire et aliénée est une des limitations bourgeoises les plus décisives de la Révolution française selon Marx. Cette idée n’était pas, en elle-même, nouvelle : la nouveauté de Marx a été de fusionner la critique communiste des limites de la Révolution française (depuis Baboeuf et Buonarroti jusqu’à Mosses Hess) avec son analyse de classe par les historiens de l’époque de la Restauration (Mignet, Thiers, Thierry, etc. On sait qu’en 1844, il avait eu l’intention d’écrire un livre sur la Révolution française, à partir de l’histoire de la Convention. « le prolétaire est déjà engagé dans le combat contre le bourgeois. Dans cette perspective, la révolution de 1848 (amenant à la Seconde République) et la Commune de Paris (1871, après la défaite face à la Prusse) sont bien des révolutions dans la mesure où les ouvriers ont voulu imposer leurs intérêts par la force. Il est vrai qu’il « n’avait rien d’un terroriste exalté » ; néanmoins, « il considérait encore l’Etat comme une fin en soi, et la vie civile uniquement comme son trésorier et comme son subalterne, qui devait renoncer à toute volonté propre. En revanche, l’idée de révolution permanente au sens fort – celui du marxisme révolutionnaire du XXe siècle – apparaît chez Marx pour la première fois en 1844, à propos de l’Allemagne. (…) Les révolutions antérieures avaient besoin de réminiscences historiques pour se dissimuler à elles-mêmes leur propre contenu. Lorsque éclate le soulèvement pour l'unité nationale et le gouvernement démocratique, Marx rédige les Revendica Toute la Terreur en France ne fut rien d’autre qu’une méthode plébéienne d’en finir avec les ennemis de la bourgeoisie, l’absolutisme, le féodalisme et l’esprit petit-bourgeois ».[16]. Cet ensemble est loin d’être homogène : il témoigne de changements, réorientations, hésitations et parfois contradictions dans sa lecture des événements. L’autre exemple que donne Guérin dans le même paragraphe est un article de janvier 1849 où Engels indique la « révolution permanente » comme un des traits caractéristiques de la « glorieuse année 1793 ». Pragmatique, Marx l’imagine à partir d’exemples historiques concrets. Il en résultait une conception souvent autoritaire du parti, de la révolution et du pouvoir révolutionnaire… Rosa Luxemburg et Léon Trotsky vont critiquer – notamment au cours des années 1903-1905 – ce paradigme jacobin, en insistant sur la différence essentielle entre l’esprit, les méthodes, les pratiques et les formes d’organisation marxistes et celles de Robespierre et ses amis. Marx affirme en effet que l’histoire est travaillée par le conflit fondamental entre le mode de production et les rapports de production : « homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurandes et compagnon, bref oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une lutte ininterrompue » (Manifeste du parti communiste). Il a raison, dans la mesure où les marxistes ont souvent voulu s’inspirer, au cours du XXe siècle, du paradigme de la Révolution française, avec des résultats assez négatifs. Ainsi, tout conflit entre oppresseurs et opprimés finit toujours par une transformation révolutionnaire de la société, ou par l’annihilation des deux classes opposées. 2, p. 341 : « Von den Jakobineren ging die nachricht ein, dass sie in Permanenz erklärt hatten. [29] A. Gramsci, « Ordine Nuovo », Einaudi, Turin, 1954, p. 139-140 ; – « Note sul Machiaveli, sul la politica e sul lo stato moderno », Einaudi, Turin, 1955, p. 6 à 8, 18, 26. Dans sa nouvelle conception, la formule garde de son origine et du contexte historique de la Révolution française surtout le deuxième aspect mentionné ci-dessus : l’idée d’une progression, d’une radicalisation et d’un approfondissement ininterrompus de la révolution. Bis heute werden seine Theorien kontrovers diskutiert. -Dans le contexte des articles de 1843-1844, elle suggère une tendance de la révolution politique (dans sa forme jacobine) à devenir une fin en soi et à entrer en conflit avec la société civile/bourgeoise. MARX, FREUD ET LA REVOLUTION fOÔlALE 19. Lisez le TOP 10 des citations de Karl Marx pour mieux comprendre sa vie, ses actes et sa philosophie. Le projet de livre sur la Convention n’a pas abouti mais on trouve, parsemées dans ses écrits tout au long de sa vie, de multiples remarques, analyses, excursions historiographiques et esquisses interprétatives sur la Révolution française. C’est une affirmation bien discutable – la Commune de 1793 a inspirée celle de 1871 et celle-ci, à son tour, a nourri Octobre 1917 -, mais elle témoigne de l’hostilité de Marx a toute résurgence du jacobinisme dans le mouvement prolétarien. Recherche uniquement dans le titre. Marx affirme que la société doit présenter, dans sa structure, des facteurs qui y soient favorables. Bertolt Brecht est un auteur dramatique allemand, né le 10 février 1898 à Augsbourg (Bavière) et mort le 14 août 1956 à Berlin-Est. b) Les hommes de la Terreur – « Robespierre, Saint-Just et leur parti »– ont été victimes d’une illusion : ils ont confondu l’antique république romaine avec l’Etat représentatif moderne. Il consacra plus de 20 ans de sa vie à l'écriture de cette oeuvre, mais n'en a achevé qu'une partie: le premier livre, publié en 1867. Ramassant en un paragraphe la signification historique des révolutions de 1848 et de 1789 (mais ses remarques sont plus pertinentes pour la dernière que pour la première), Marx observe, dans un article de la Nouvelle Gazette Rhénane en 1848 : « Elles étaient le triomphe de la bourgeoisie, mais le triomphe de la bourgeoisie était alors le triomphe d’un nouveau système social, la victoire de la propriété bourgeoise sur la propriété féodale, du sentiment national sur le provincialisme, de la concurrence sur le corporatisme, du partage sur le majorat, (…) des lumières sur la superstition, de la famille sur le nom, de l’industrie sur la paresse héroïque, du droit bourgeois sur les privilèges moyenâgeux. La publication en cours (en Pléiade) des écrits politiques de Marx atteste par ailleurs l’importance de son apport concernant la politique en actes et ses formes critiques : les guerres et les révolutions. [12] K. Marx, « La critique moralisante et la morale critique (contre Karl Heinzen) », SRF p. 90. Ou la Révolution américaine de 1778 ? et féministes (Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt). On peut illustrer ce paradoxe par la démarche du représentant le plus talentueux et le plus intelligent de cette école, François Furet, qui ne trouve pas d’autres chemins pour dépasser Marx que… le retour à Hegel. La révolution est soumise à certaines conditions. Cette hésitation est visible dans les variations d’une période à l’autre, d’un texte à l’autre, et parfois à l’intérieur d’un même document… Toutes les hypothèses qu’il avance ne sont pas du même intérêt. 2. Dossier : Ernest Mandel, l’héritage immense d’un marxisme vivant, L’instant de vérité pour le mouvement indépendantiste catalan, Retour sur « Penser l’émancipation ». Gerald Bevan, Penguin UK (2008), Author’s Foreword : 1850s and later Variante: We can state with conviction, therefore, that a man's support for absolute government is in direct proportion to the contempt he feels for his country. Bien entendu, cette analyse marxienne sur le caractère – en dernière analyse – bourgeois de la Révolution française n’était pas un exercice académique d’historiographie : elle avait un but politique précis. C’est une interprétation possible des contradictions de la Révolution française, mais est-elle vraiment « infiniment plus concrète » que celle esquissée par Marx ?[5]. Les tentatives récentes des historiens révisionnistes pour « dépasser » l’analyse marxienne de la Révolution française aboutissent généralement à une régression vers des interprétations plus anciennes, libérales ou spéculatives. Il s’agit du « long travail de l’esprit dans l’histoire »… Grâce à lui (l’esprit avec un E majuscule), nous pouvons enfin comprendre la vraie nature de la Révolution française : plutôt que le triomphe d’une classe sociale, la bourgeoisie, elle est. A partir de ce moment, le concept de « bourgeoisie révolutionnaire »est entré dans le vocabulaire des marxistes et est devenu un élément clé dans l’élaboration des stratégies politiques – en ignorant l’avertissement de Marx, à propos de l’Allemagne (mais avec des indications plus générales) : les classes bourgeoises qui arrivent trop tard (i.e. Dans ce sens, elle a été un pas gigantesque dans ce que Ernst Bloch appelle la « marche debout de l’Humanité » – un processus historique qui est encore loin d’être achevé… Bien sûr, on en trouve des précédents dans les mouvements antérieurs (la Guerre des Paysans du XVIe siècle, la Révolution anglaise du XVIIe siècle), mais aucun n’atteint la clarté, la force politique et morale, la vocation universelle et hardiesse spirituelle de la révolution de 1789-1974 – jusqu’à cette époque, la plus colossale (Marx) de toutes. Selon Furet. Je reviendrai plus bas sur le sens qu’il faudrait attribuer à l’expression « révolution à l’état permanent » dans ce contexte. 3. [19] Cf. Je hais les spams et protège vos données personnelles. C’est dans cet esprit que je travaille à rendre les grands concepts plus accessibles et les grands auteurs plus proches de nous. Traiter Staline et ses acolytes d’héritiers du jacobinisme serait trop injuste envers les révolutionnaires de 1793, et comparer la Terreur du Comité de Salut Public avec celle du GPU des années 1930 est une absurdité historique évidente. « En France, l’émancipation partielle est le fondement de l’émancipation universelle. Hegel, en revanche, avait parfaitement compris qu’ « il n’y a qu’à travers l’État, cette forme supérieure de l’histoire, que la société s’organise selon la raison ». 4. On la trouvait déjà sous la plume des libéraux tels que Madame de Staël qui décrivait Bonaparte comme un « Robespierre à cheval ». Livres aux format EPUB uniquement. [29], A un autre niveau, il me semble toutefois que Marx avait tort de nier toute valeur (pour le combat socialiste) à la tradition révolutionnaire de 1789-1794. Ce ne sont pas des analyses de classe qui manquent dans ses écrits sur la Révolution française : le rôle de l’aristocratie, du clergé, de la bourgeoisie, des paysans, de la plèbe urbaine et même du « prolétariat » (concept un peu anachronique dans la France du XVIIIe siècle) sont passés en revue. C’est un fait curieux, mais il y a très peu d’éléments chez Marx (ou Engels) pour une analyse de classe des contradictions du jacobinisme – comme par exemple celle de Daniel Guérin, selon lequel le parti jacobin était « à la fois petit-bourgeois à la tête et populaire à la base ».[18]. Explore our collection of motivational and famous quotes by authors you know and love. Considérant la Révolution française, qui a permis à la bourgeoisie de prendre le pouvoir, comme la révolution par excellence, il voit en celle-ci le symptôme de la mutation de la domination sociale. [12] La formulation est indirecte et la référence à la Révolution française n’est faite qu’en passant, en vue d’un débat politique actuel, mais il est tout de même surprenant que Marx ait pu envisager les événements de 1794 comme une «  victoire du prolétariat »…. Un article de la revue Philosophiques (Le marxisme cent ans après Marx) diffusée par la plateforme Érudit. LE BILAN D’UNE REVOLUTION. Ou la Révolution de 1830 ? Quelle que soit son admiration pour la grandeur historique et l’énergie révolutionnaire d’un Robespierre ou d’un Saint-Just, le jacobinisme est explicitement refusé comme modèle ou source d’inspiration de la praxis révolutionnaire socialiste. Cf. C’est le cas, tout d’abord, du marxisme russe, dans ses deux grandes branches : Plékhanov et les mencheviques – qui croyaient que la bourgeoisie démocratique russe allait jouer dans la lutte contre le tsarisme le même rôle révolutionnaire que la bourgeoisie française a joué (selon Marx) dans la révolution de 1789. ), et de créer des milices populaires afin de mettre la démocratie sous contrôle. Avant de définir le prolétariat et son importance chez Karl Marx, voyons comment cette classe apparaît dans lhistoire selon le philosophe allemand. Ancien Regime and the Revolution (L'Ancien Régime et la Révolution) (fourth edition, 1858), de Tocqueville, tr. Or, quelques pages plus tôt, Robespierre et Saint-Just sont définis comme les « authentiques représentants des forces révolutionnaires : la masse « innombrable » »…[11], Cette dernière hypothèses est encore une fois suggérée dans un passage de l’article contre Karl Heinzen, de 1847 : si, « comme en 1794, (…) le prolétariat renverse la domination politique de la bourgeoisie » avant que les conditions matérielles de son pouvoir ne soient données, sa victoire « ne sera que passagère » et servira, en dernière analyse, à la révolution bourgeoise elle-même.